Une dernière virée sur la Côte d’Azur, marquée par de belles navigations sous voile au près et des sensibilisations originales après des touristes.
Lundi 25 juillet
Nous commençons la semaine sous l’eau avec le ramassage de déchets organisé par l’association niçoise Bleu Gorgone. Les gorgones sous-marines, moins pétrifiantes que les mythologiques, sont des animaux vivant statiques et en eau profonde. Le corail rouge de Méditerranée fait partie de cet ordre. Dans les profondeurs de la Côte d’Azur, l’espèce de gorgones la plus présente est bleu-violacée, d’où le nom de l’association de Thomas et Sandra. Haumana se remplit : la fille de Thomas, celle de Sandra et deux de leurs amis nous accompagnent. Nous serons escortés par le bateau loué par Thomas et par deux pointus, célèbre bateau de pêche provençal. Au total, nous sommes 20 à partir pêcher du déchet dans la rade de Villefranche-sur-Mer. Certains le feront avec des bouteilles, d’autres en « PMT » (abréviation scientifique de l’authentique palme-masque-tuba) et les derniers à terre avec une pince.
La récolte sous-marine est maigre et tout le monde dérive vers la digue où bon nombre de cochonneries se sont accumulées. Pare-battage neuf, morceau de coque de bateau et masque enterré sont nos plus beaux trésors.

Nous rentrons au port pour fêter notre réussite tous ensemble, l’apéritif est opulent.
Le début d’après-midi est consacré à la détente : ça sieste sur le bateau ou ça flâne dans les ruelles du Vieux-Nice.
L’équipe se regroupe ensuite sur la promenade des Anglais pour y tenir un stand de sensibilisation. C’est cosmopolite, les touristes viennent de tous les horizons alors on joue les interprètes. Les français qui nous rétorquent de chaleureux « Sorry I don’t speakeuh frencheuh » nous font bien rire, mais la palme revient à un Irlandais sur roulettes qui s’est arrêté au stand malgré lui, en tombant juste devant... Thomas, Sandra et Elsa (la fille de Thomas) nous rejoignent et ont eux aussi droit à leur petit topo sur la pollution microplastique.
Nous quittons Nice en début de soirée car la journée est loin d’être terminée. Nous profitons du bon vent pour entamer notre retour vers l’Ouest, avec Sainte-Maxime comme avant-dernier arrêt. Près, « risée Volvo » et portant se succèdent pour nous emmener jusqu’à la rade d’Agay. Le dodo est bien mérité, en particulier pour Laurine, Anne-Laure et Julien qui ont tenu la barre jusqu’à 1h30 du matin.
Mardi 26 juillet
Réveil motorisé avec un petit bout’chou qui tourne autour du bateau pour son cours de ski nautique. Il fait bien de nous sortir du lit car le paysage est merveilleux. Nous sommes au pied du massif de l’Estérel, dont la rhyolite très ferrugineuse lui confère une couleur rouge intense.
Nous hissons les voiles en cœur de matinée, et c’est l’heure du dernier coup de filet de l’expédition. Cet ultime prélèvement au manta porte notre total à 40 échantillons : 28 pour Oceaneye et 12 pour le LNE.
Un mistral chaud aux allures de sirocco s’installe peu à peu et nous entrons dans le golfe Saint-Tropez tout penchés. Malgré les « gros-culs » (ou yachts en langage poli) environnants, ce petit village respire la Provence d’antan avec sa citadelle et son clocher tout coloré.
Nous mouillons en face et déjeunons sur le bateau, après s’être « rafraichis » dans la baignoire qui nous entoure. Nous nous rendons ensuite au port de Sainte-Maxime, et profitons d’être amarrés pour passer un appel à l’équipe de l’an prochain. Discussion logistique avec l’emménagement à Saclay en ligne de mire. C’est ensuite l’heure d’une petite balade sur la promenade maximoise, agrémentée de l’habituelle dégustation de glaces locales.
Le soir, nous lavons les filets à l’eau douce et nous nous improvisons sculpteurs en les suspendant au palmier du quai. Rétro-éclairés par un projecteur, ils forment un chef d’œuvre ne laissant aucun passant indifférent. Nous étrennons alors notre premier stand de sensibilisation nocturne et autonome en déposant nos planches pédagogiques sous la sculpture. Depuis le bateau, nous observons et entendons les gens s’étonner devant notre présentation, on se marre bien.
Mercredi 27 juillet
Au matin (6h45 pour être précis), nous sommes réveillés par des pas et des voix au-dessus de nos têtes... il y a des gens sur le pont du bateau ! Ni une ni deux, Laurine et Anne-Laure parviennent à s'extirper du lit - non sans mal - pour aller voir ce qui se trame à l'avant du bateau. Une armada de 3 employés du port s'active et s'époumone pour tenter de "resserrer la pendille, c'est la capitainerie qui a demandé". Un travail rondement mené puisqu'ils finiront par partir en ayant décroché la dite pendille et l'annexe... On ne leur en veut pas, ils ont certainement dû confondre leur café du matin avec du pastis (51, celui qui donne de la suite dans les idées).

Après cette brutale mise en route, nous mettons en place notre dernier stand de sensibilisation devant le quai de la capitainerie. L’espace est très passant car de nombreux touristes se rendent vers la navette pour s’agglutiner à Saint-Tropez. Nous n’arrivons à en freiner que peu, heureusement que les locaux sont là pour s’intéresser à notre lutte. Nous sommes épaulés par Antonia, la petite sœur de Numa, qui, malgré son enthousiasme, découvre la difficulté d’attirer les passants. Instant Paris Match : au milieu du flux, nous reconnaissons Gilles Lellouche et sa famille qui se rendent également à Saint-Tropez en navette… privée.
Nous quittons le port en début d’après-midi et filons vers un club de voile local pour parler de notre expédition aux futurs navigateurs. Très bonne ambiance sous l’ombre de la cabane bambou de Beauvallon, le public est finalement de tout âge car nous captivons aussi les parents venant récupérer leurs enfants. La citronnade et les financiers de la grand-mère de Numa ponctuent parfaitement notre présentation et revigorent les troupes. Ce n’est pas de refus car notre dernière navigation nous attend, nous mettons le cap vers Porquerolles en fin d’après-midi.
Le vent se renforce progressivement mais est malheureusement dans le mauvais sens : vive la gite ! Nous croisons un banc de thons. Ils font d’impressionnants sauts, semblant fuir un prédateur, mais ne s’arrêtent pas picorer le leur que nous traînons derrière Haumana. Encore bredouille… mais sauvés par Alice qui arrive à pêcher un paquet de pâtes dans le fond du placard du bateau. Elle défie alors la loi de la pesanteur pour cuisiner à 45° de l’horizontale. Le spectacle se ponctue par des geysers de baleine et un dernier soleil rougeoyant qui se couche derrière les petits monts varois. Nous voguons en musique et sous les étoiles, c’est une super nav’ ! L’ombre de Porquerolles se dessine peu à peu devant la proue, nous jetons l’ancre à 2h du matin devant la plage Nôtre Dame.
Jeudi 28 juillet
Que le grand ménage commence !
Nous commençons par les boîtes de microplastiques des jarres, il y en a beaucoup à sécher et nous intriguons les autres bateaux à agiter nos poignets comme des joueurs de maracas. Viennent ensuite le séchage des bandelettes de plastique puis le nettoyage du pont du bateau. Une dernière baignade dans « une des plus belles plages d’Europe » puis retour final au port d’Hyères.
Nous sommes accueillis en vainqueurs par les parents de Clara qui nous saluent depuis la digue. Nous ne dérangeons pas à notre routine de critiques glaçonomiques et fêtons notre arrivée comme il se doit, accompagnés d’Elisa, la copine de Julien, qui nous a rejoints. Nous pourrions établir un routard des glaciers des ports méditerranéens, heureusement que les pots et les cuillères sont en cartons…

S’en suivent le rangement des affaires et des va et vient entre le bateau, la laverie, le lieu de stockage de nos affaires à terre,… dont je vous passe le détail.
Après le diner, nous peaufinons notre présentation pour la conférence de demain soir, tout semble en place.
Vendredi 29 juillet

Ce matin, l’équipe se découpe car il faut poursuivre le rangement du matériel de science, aller faire les courses en vue de l’apéritif du soir et animer une sensibilisation auprès du centre aéré de la presqu’île. Les enfants sont très curieux et ouverts à la discussion : nous leur présentons le bateau, organisons un petit ramassage de déchets microplastiques sur la plage et finissons par des jeux en salle.
En cuisine, ça met la main à la pâte. Au menu : tarte, cake, bâtonnets de crudités et sauces maisons.
Dans l’après-midi, nous terminons le rangement du bateau et la répartition des affaires. En parallèle, Clara est interviewée par une journaliste de Var matin.
Une bonne douche pour tous puis direction l’Espace Nautique pour notre conférence de fin d’expédition. La salle mise à disposition est superbe et le public est au rendez-vous malgré les bouchons toulonnais. Romy, la petite sœur de Clara, s’occupe de la retransmission en direct sur Instagram pour les retardataires et ceux qui n’ont pu faire le déplacement.
Nous tenons l’auditoire éveillé pendant plus d’une heure, un beau travail de fin d’aventure dont nous sommes tous fiers. L’apéro s’ouvre dans la foulée, puis nous poursuivons la soirée sur la plage avec nos amis et nos proches pour finir sur une note amicale.
Et voilà, c’est la fin de nos aventures !
Nous profitons de ce dernier journal de bord pour vous remercier très chaleureusement d’avoir été assidus à sa lecture. Ce fut un plaisir de prendre le temps de rédiger cet hebdomadaire pour partager cette incroyable expédition avec vous.
À l’année prochaine !
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