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Navigation Porto-Barbate

  • Photo du rédacteur: Elodie
    Elodie
  • il y a 5 jours
  • 4 min de lecture

Je vous emmène en pleine navigation, avec nous, à bord de Carlina, pour quatre jours de vie en mer. Je vais faire au mieux pour vous faire ressentir les sensations uniques de la navigation : vivre au rythme des vagues, dormir bercé par le clapotis de l’eau, préparer de bons repas à bord et les savourer ensemble face à l’horizon, et se laisser porter par le vent et les éléments. Une vraie parenthèse loin du quotidien.



Le lundi 21/04

Il est 11h45, nous larguons les amarres et mettons le cap sur Barbate au sud de l'Espagne. Le vent souffle entre 2 et 3 Beaufort, mais les vagues sont désordonnées. Ça bouge pas mal à bord. Malgré les conditions, il faut s’y mettre : aujourd’hui, on réalise nos protocoles scientifiques pour le CNRS et Flow. On déploie le filet manta pour une heure de prélèvement. Cela nous oblige à rester au moteur, cap au vent, à deux nœuds, face aux vagues. Un vrai défi. Trier les microplastiques à la pince à épiler dans ces conditions… disons que c’est parfait pour tester notre résistance au mal de mer. Mais on l’a fait. Tout s’est bien passé.


Le mardi 22/04

00h20 : Je suis actuellement en quart jusqu’à 2h30, il fait un peu froid mais cela reste supportable en étant bien couverte (bonnet, gants, veste et pantalon de quart). 
Avec Anne-Flore, on a passé un long moment à contempler le ciel. Il est parfaitement dégagé ce soir. Elle m’a montré la constellation des Gémeaux et la planète Mars. On peut distinguer facilement aussi la constellation de La Grande Ourse et celle de La Petite Ourse. Et j’ai vu une étoile filante. Bien sûr, j’ai fais un vœu … On avance à plus de 7 nœuds, je suis surprise par notre vitesse. On distingue encore la côte au loin, devinée par les halos lumineux des villes, cette étrange lueur diffuse, douce mais envahissante, la pollution lumineuse.


02h20 : Moment magique ! On vient de voir des dauphins nager au milieu du plancton bioluminescent. C’est à la fois hypnotisant et féérique. On observe des trainées de paillettes dans l’eau noire, filant sous le bateau d’un bord à l’autre, sans vraiment distinguer la forme des animaux. L’eau pétille comme du champagne. Le tout est surplombé par des étoiles filantes, cela semble irréel. Je comprends pourquoi les marins d’autrefois imaginaient des sirènes.


02h41 : Je suis enfin glissée dans mon duvet, je commençais à avoir très froid … 
On a un peu ralenti, mais on est encore sous voile !






Il est 9h30, avec Margaux et Anne-Flore nous avons empanné pour nous rapprocher des côtes, nous naviguons à proximité des îles Berlengas au Sud de Nazaré. Il fait un grand soleil, l’air est doux, c’est vraiment agréable. 
Assise dans le cockpit, je regarde les nuages et m’amuse à imaginer des formes et des personnages (un homme endormi, la bouche ouverte, la tête penchée en arrière, un éléphant qui vole, un chapeau de magicien …). Les nuages glissent rapidement si vite formant sans cesse de nouvelles silhouettes. 

À la fin de mon quart, je suis allée me recoucher … et je me suis réveillée quatre heures après, au large de Sintra !

Le mercredi 23/04

19h01 : Sous un grand ciel bleu, nous venons de franchir le Cabo de São Vicente (Cap de Saint Vincent), la pointe sud du Portugal. 
La journée a été magnifique : grand soleil, Grand-Voile et Génois hissés, et même une pointe à 11,4 nœuds - un record pour Carlina !! Mais maintenant, plus un souffle de vent … nous sommes passées au moteur et il se peut qu’on y reste jusqu’à notre arrivée à Barbate. 
Nous avons toutes les six regardé le coucher de soleil ensemble, rassemblées dans le cockpit, en écoutant « Le Sud » d’Yves Berger. Peu après, nous avons vu le phare de Vila de Sagres s’allumer. 
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé : nous sommes six femmes, en mer, réunies pour lutter contre la pollution plastique. Et ça, c’est porteur d’espoir. C’est encourageant. Ça donne le sentiment qu’on avance, à notre façon.






Le jeudi 24/04

Ce matin j’ai commencé mon quart à 5h30, le réveil a été rude. Je me suis installée chaudement sur le pont du bateau, sans m’attendre à vivre un moment aussi spectaculaire. Quelques minutes plus tard, le jour s’est levé dans une explosion de couleurs : des nuages rouges, orange, roses, comme peints à la main. Dans ce décor irréel, des fous de Bassan planaient au-dessus de nous, une libellule s’est posée sur la filière du bateau et, cerise sur le gâteau, des grands dauphins ont croisé notre route, en pleine chasse. Un réveil magique !


Le vendredi 25/04

Nous sommes arrivées à Barbate, au sud de l’Espagne, après plus de 460 milles nautiques et quatre jours pile de navigation ! Ville réputée pour sa pêche au thon, Barbate nous accueille sous un grand soleil.
 Nous étions en quart, avec Anne-Flore, quand nous avons approché le port. Margaux nous a rejoints pour préparer l’amarrage. Une fois à quai, il a fallu aller s’enregistrer (ça m’a paru durer une éternité, j’avais tellement besoin de dormir …).


Après une bonne douche bien méritée et une sieste réparatrice, nous sommes sorties nous balader au bord de la plage. Avec les filles, on a profité de l’ambiance animée des bars, du soleil, et d’une bonne glace en terrasse. Un vrai plaisir après ces journées en mer. Demain, cap sur le détroit de Gibraltar… Mais cette nouvelle aventure fera l’objet d’un autre journal de bord. À très bientôt pour la suite de notre traversée !


Élodie




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